L’arrêt des unités industrielles : une contradiction avec la vision du CNRD ? ( par Daniel Kolie )

Un arrêté récemment lu sur les médias publics a annoncé la suspension des activités de plus de mille unités industrielles en Guinée, principalement dans le secteur de la production d’eau en sachets. Selon les autorités, ces unités ne respectent pas la réglementation en vigueur, ce qui justifie, à leurs yeux, cette décision radicale.

À première vue, et compte tenu de la prolifération désordonnée des unités de production dans ce secteur, cette mesure peut être perçue comme salutaire. Elle viserait à assainir un domaine stratégique pour la santé publique. Toutefois, une analyse plus approfondie amène à s’interroger sur les alternatives possibles à une suspension aussi brutale.

Un choix aux effets contre-productifs

Depuis quelques années, l’État guinéen a fait de l’entrepreneuriat un axe prioritaire pour l’insertion professionnelle des jeunes diplômés. La ministre à l’origine de cet arrêté a elle-même contribué à la création du département de l’Innovation et de l’Entrepreneuriat à l’enseignement supérieur, témoignant ainsi de sa volonté de promouvoir l’initiative privée.

Or, cette même autorité vient aujourd’hui mettre en péril des milliers d’emplois créés dans le cadre de cette dynamique. La fermeture de ces unités industrielles, au lieu de privilégier un mécanisme d’accompagnement progressif vers la mise en conformité, remet en cause l’engagement étatique en faveur de l’entrepreneuriat national.

Des conséquences sociales et sanitaires préoccupantes

Outre l’impact économique : perte d’emplois, réduction des recettes fiscales, destruction de la chaîne de valeur locale ,cette décision pourrait avoir des répercussions sanitaires. Depuis plusieurs années, ces unités ont contribué à améliorer l’accès à l’eau potable, réduisant significativement les maladies d’origine hydrique dans de nombreuses localités, même si beaucoup de conditions restent à désirer. Leur fermeture soudaine pourrait exposer à nouveau les populations à des risques sanitaires majeurs.

Une alternative responsable était possible

Il aurait été plus cohérent avec la vision du CNRD de proposer un plan d’accompagnement et de mise en conformité graduelle, en collaboration avec les chambres de commerce, les autorités sanitaires et les acteurs du secteur. Une telle approche aurait permis de maintenir l’activité économique tout en assurant une régulation progressive et encadrée du secteur.

L’État gagnerait à revoir cette mesure en adoptant une approche plus participative et pragmatique, qui concilie exigence de qualité, protection des consommateurs et promotion de l’entrepreneuriat local. C’est à cette condition que la vision d’un développement inclusif, portée par le CNRD, pourra véritablement se concrétiser.

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Daniel KOLIE
Leader Politique
Consultant en Management

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