Le chef de l’Etat a convoqué par décret le corps électoral pour le scrutin présidentiel du 18 octobre prochain. Cette élection aux enjeux multiples est exceptionnelle puisqu’elle se prépare dans un contexte sanitaire et sociopolitique tendu. Les nerfs sont surtout tendus à cause du désaccord entre le pouvoir de Conakry et ses adversaires politiques autour de la nouvelle constitution d’une part et de l’autre, à cause de la candidature du Pr Alpha Condé pour un mandat de plus.
Là-dessus, les guinéens sont partagés. D’un côté, il y a ceux qui réclament à tout prix la tenue d’une élection présidentielle pour légitimer la continuité administrative et politique du président sortant qui a déjà fait deux mandats et de l’autre côté, ceux qui récusent la nouvelle constitution et la participation du président de la république sortant à l’élection présidentiel.
Des oppositions aux conséquences humaine et matérielle déplorables qui n’ont pas influencé le déroulement et l’exécution de l’agenda électoral de l’institution en charge des élections.
Toutefois, certains acteurs en lice dans cette consultation majeure commencent à hausser le ton pour dénoncer le fichier électoral qu’ils qualifient déjà de ‘’corrompu’’. Plus loin, ils exigent son audit par une expertise internationale avant la tenue de la présidentielle avec à la clé un éventuel report de date. Ce qui est un risque pour la Guinée si les acteurs ne s’entendent pas avant le 18 octobre pour une élection inclusive et transparente.
A propos, certains analystes et constitutionnalistes trouvent dangereux de penser à un report de plus d’une semaine de l’élection présidentielle alors que le mandat du président de la république court vers à sa fin. Car pour eux, le pays risque de tomber dans un vide juridique qui laissera place à toute éventualité à l’issue incertaine et voire dommageable pour l’équilibre social et politique et surtout pour le progrès économique de la Guinée.
Ces derniers fondent leur argument sur l’article 43 de la nouvelle Constitution qui stipule que : « le scrutin pour l’élection du Président de la République a lieu quatre-vingt-dix jours au plus et soixante jours au moins avant la date de l’expiration du mandat du Président de la République en fonction. »
C’est autant dire que si l’élection est repoussée pour deux semaines, Alpha Condé risque de tomber dans l’illégalité et l’illégitimité. Et les opposants au régime qui n’attendent que cette occasion, auront trouvé une brèche dans laquelle s’engouffrer pour créer une situation incontrôlable.
En un mot comme en mille, la marge de manœuvre est réduite et le risque de vivre un scénario inattendu et préjudiciable est plausible si aucun compromis n’est trouvé avant la date butoir du scrutin. D’où, la nécessité pour les uns et les autres de faire preuve de bon sens, de lucidité et surtout de patriotisme afin d’éviter à la Guinée une situation qui ouvre la porte à une instabilité qui aboutirait à une transition forcée.
Vivement donc la hauteur d’idée et d’esprit !