Du rebondissement dans l’affaire dite ‘’ex travailleurs de la société Salguidia’’. Le Président de la République revient sur son décret D/2020/014/PRG/SSG qui a donné espoir aux anciens travailleurs de la société Arabe Libyo-Guinéenne pour le développement agricole et agro-industriel, SALGUIDIA S.A.

Pour rappel, dans un protocole d’accord signé le 15 Novembre 2019, la société Emiratie « Alsa Asset Management Ltd » d’Abu Dhabi s’est engagée à investir dans l’aménagement et l’exploitation des terres agricoles de l’ex-Salguidia, pour la production, la transformation industrielle, la commercialisation et l’exportation de l’ananas et autres produits maraichers.
Par conséquent et dans l’esprit de l’article 3 dudit décret, la société preneuse avait pour l’obligation de prendre en charge les arriérés de salaires des travailleurs, la cotisation à la caisse de sécurité sociale et les droits de séparation et de licenciement. En plus, le décret a précisé que le montant à verser aux anciens travailleurs sera déterminé à dire d’experts.

C’est à la grande surprise des travailleurs de voir le président revenir sur ce décret sur proposition du ministre d’Etat, ministre de l’industrie en date du 18 décembre 2020 en modifiant l’article 3 pour ne retenir que les primes de séparation tout en précisant que ça sera le cinquième du montant total de chacun qui sera payé.

Une décision qui tombe comme un tonnerre sur la tête des 175 ex travailleurs de la société Salguidia qui ont démarché pendant plusieurs mois pour faire appliquer l’article 3 du désormais ancien décret du Président de la République qui vient de mettre les pieds dans le plat. Une pilule amère dans la gorge de Lansana Keita secrétaire général du syndicat des travailleurs de l’ex-Salguidia.
« Nous nous sommes battus pour rentrer en possession de notre droit mais le ministre de l’industrie a fait une autre proposition de décret contre le payement de nos arriérés de salaire et autres avantages comme le prévoyait le premier signé du président de la république. Et cette fois-ci, selon ce nouveau décret, nous n’aurons que simplement les droits de séparation. Et là aussi, ça sera le cinquième du montant total que chacun bénéficiera.»
Pourtant, ils ont bataillé comme des beaux diables pour arriver finalement à ce résultat non escompté dont ils sont obligés d’accepter déclaré la mort dans l’âme le syndicat.
« Nous avons contacté le préfet, nous sommes allés voir madame le gouverneur, ensemble, ils ont tenté de voir le ministre de l’industrie sans succès. Ils ont rencontré l’inspecteur général du travail qui a laissé entendre que nous devons prendre ce qui a été proposé et de continuer les démarches.»
Finalement, ces ex travailleurs se sont résignés et se remettent à la sagesse du président de la république qui a rendu leur espoir en désespoir. « Nous voulons continuer les démarches mais déjà nous avons un obstacle qui est le décret. Le Président de la République est le seul décideur. C’est lui qui nous avait accordé les arriérés de salaire. C’est lui encore qui a pris un autre décret qui ne nous permet pas d’avoir les arriérés de salaire. C’est ce qui nous bloque sinon, nous voulons continuer à nous battre. »
Ainsi ce décret du président Alpha Condé vient mettre fin à tout débat dans ce dossier au grand dam de ces ex travailleurs. Sauf un rebondissement spectaculaire avec les juridictions supranationales. Mais est-ce que ces travailleurs démunis ont le cran pour aller sur ce terrain ? La question reste posée !
Emmanuel Boeboe Beavogui
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