A l’occasion de l’an 64 de la création de l’armée guinéenne, il est utile de ce souvenir des pionniers, des stratèges, des têtes pensantes de la mise en place d’une armée républicaine et régulière. Parmi ces dignes fils de la République de Guinée, nous devons évoquer avec fierté le nom du défunt N’Famara Keïta, compagnon de l’indépendance, membre du Bureau Politique Nationale du PDG-RDA, premier secrétaire d’État à la Présidence chargé de la Défense nationale.
Né vers 1924 à Molota (Kindia) d’où il était originaire, il exerça un rôle politique et administratif important avant et après l’indépendance de la Guinée. Sur le plan politique, il fut membre du Bureau politique du PDG depuis la création de celui-ci (appelé à l’origine Bureau Exécutif du Comité Directeur du R.D.A.) sans interruption et ce, jusqu’en avril 1984. Sur le plan administratif, il occupa plusieurs portefeuilles ministériels également sans intermède, entre 1958 et 1984.
En outre, il faut rappeler que lors des élections municipales de novembre 1956, N’Famara Keïta fut élu maire de la Ville de Kindia à partir de la liste du PDG-RDA en même temps que le futur président Sékou Touré (maire de Conakry), Saïfoulaye Diallo (maire de Mamou), Magassouba Moriba (maire de Kankan) et Sagno Mamadi (maire de N’Zérékoré).
À titre de rappel, ces cinq (5) villes furent érigées en communes de plein exercice avec des conseillers municipaux élus par les populations, et non désignés par les autorités administratives coloniales. Donc chaque commune au rang de plein exercice était dirigée par un maire et un conseil municipal élus.
Dès le lendemain de l’accession à l’indépendance de la Guinée le 2 octobre 1958, le président Sékou Touré créa au sein de son tout premier gouvernement un Secrétariat d’État à la présidence en charge de la création de l’Armée nationale de la République de Guinée le 1er Novembre 1958. Pour ce faire, il choisit et nomma N’Famara Keïta à ce poste comme Secrétaire d’État car, le président cumulait à l’époque les fonctions de ministre de la Défense et de ministre des Affaires étrangères. Ainsi, la principale mission de ce Secrétaire d’État consistait à la création et à la mise en place d’une force de défense nationale pour le pays. Celui-ci était appuyé par un Secrétariat général chargé de la direction et de l’organisation de l’armée créé également en octobre 1958 et dirigé par le Capitaine Noumandian Keïta.
Ce Secrétariat général sera élevé au rang d’État-major général à la défense nationale en décembre 1958, toujours sous la houlette du Capitaine Noumandian Keïta nommé Chef d’État-major général de la défense.
Parmi les responsabilités importantes que le président Sékou Touré confia à N’Famara Keita on peut citer entre autres : l’élaboration de l’ordonnance No23/PRG du 16 décembre 1958 portant création de l’Armée nationale, la rédaction des statuts de l’Armée nationale de 1958-1959, qu’il réussira à la satisfaction du gouvernement.
Les priorités de N’Famara KEITA
Une des préoccupations du Secrétaire d’État N’Famara Keïta dans l’exercice de ses fonctions était le rehaussement du niveau de formation et de compétence des officiers et sous-officiers de la nouvelle armée guinéenne et ce, dans toutes ses composantes : armée de terre, armée de l’air, armée de mer, gendarmerie, génie militaire, logistique militaire, intendance militaire, etc.
À cette fin, il négocia en 1959 des bourses d’études et de perfectionnement avec les nouveaux pays partenaires de la Guinée, notamment avec l’ex-Union soviétique, pour le bénéfice des jeunes officiers et sous-officiers guinéens de l’époque parmi lesquels on peut citer Siaka Touré, Abraham Kabassan Keita, Jean Traoré, Mamadou Baldé, Doubani Konaté, Baourou Condé, Abdourahmane Diallo, etc.
Il faut noter qu’en amont, lors du contentieux Franco-Guinéen, le Secrétaire d’État N’Famara Keïta a participé activement aux négociations concernant, entre autres, le rapatriement et l’intégration des militaires d’active démobilisés de l’armée française qui ont décidé de rejoindre la nouvelle armée guinéenne.
Après le coup d’État du 3 avril 1984, N’Famara Keïta, ce principal artisan de la création de l’Armée nationale de Guinée est arrêté par les putschistes avec les autres membres du dernier gouvernement du président Sékou Touré. L’ironie du sort fera que c’est cette même armée dont il a été un des fondateurs qui l’emprisonnera à la prison de Kindia où il rendra l’âme, exactement le 2 septembre 1984.
En cette date historique du 1er novembre, souvenons-nous de ces trois (3) fondateurs de l’Armée guinéenne qui sont le tout premier président de la Guinée Sékou Touré, le tout premier membre du gouvernement en charge de la création de l’Armée nationale N’Famara Keïta et le tout premier chef d’État-major général de la défense nationale Noumandian Keïta jusqu’alors capitaine de l‘armée française.
Les fonctions occupées
1924 – Naissance à Kindia (Molota) ;
- 1956 – N’Famara Keïta est élu maire de la Ville de Kindia à partir de la liste du PDG-RDA ;
- 1958 – Secrétaire d’État à la présidence de la République en charge de la création de l’Armée Nationale. Avec l’état-major, il élabore l’ordonnance No23/PRG du 16 décembre 1958 portant création de l’Armée nationale et rédige les statuts de l’Armée nationale de 1958-1959 ;
- 1960 – Ministre du plan, d’où il lance le premier plan de développement de la République de Guinée connu sous le nom de Plan Triennal ;
- 1961 – Ministre du commerce ;
- 1964 – Ministre délégué à la présidence chargé des affaires économiques et de la coopération internationale ;
- Novembre 1964 – Ministre délégué pour la Guinée Forestière avec résidence à Macenta puis à Nzérékoré ;
- 1967 – Ministre délégué pour la Moyenne Guinée avec résidence à Labé ;
- 1968 – Ministre du commerce, des transports, des postes et des télécommunications ;
- 1969 – Ministre du domaine social ;
- 1970 – Ministre du domaine des échanges ;
- 1972 – Ministre du domaine social ;
- 1976 – Ministre du domaine de la promotion rurale ;
- 1979 – Ministre de l’énergie et de Konkouré ;
- 1984 – Décès à Kindia. N’FAMARA KEÏTA HOMMAGE À L’UN DES FONDATEURS DE L’ARMÉE GUINÉENNE SOUVENT OUBLIÉ P
Que leurs âmes reposent en paix. Amen
