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TEST ULTIME POUR LA CEDEAO : l’alliance des putschistes peut-elle entraîner l’implosion de la sous-région ?

En proie à une mauvaise gouvernance chronique sur fond d’inflation économique et de misère sociale, l’Afrique de l’ouest est également gangrenée par des coups d’État à répétition qui entravent le processus démocratique laborieusement entamé dans la sous-région à la faveur des conférences nationales des années 1990.

Cette prolifération de coups d’état que nous vivons conduit à assimiler l’espace CEDEAO à un corps souffrant d’un cancer métastatique, une maladie chronique pratiquement toujours incurable, qui continue à évoluer et à développer des résistances au traitement de l’alternance démocratique.

Cette substitution des armes aux urnes risque d’enterrer la CEDEAO sous les décombres de son inaction tout en donnant carte blanche aux fossoyeurs de la démocratie pour dérouler en toute impunité leur agenda de confiscation du pouvoir en éliminant judiciairement ou physiquement toute opposition.
Les juntes ne s’opposent aucune limite lorsqu’il s’agit de réprimer pour se maintenir. Le sang versé ne sera jamais de trop.

L’inertie et/ou l’absence de mécanismes de pression efficaces, le déficit d’application de son propre arsenal normatif particulièrement intransigeant avec les changements inconstitutionnels de régime, l’ineffectivité des sanctions que certains putschistes se plaisent à défier allègrement, l’amnistie et la clémence accordées aux putschistes par la CEDEAO et la communauté internationale constituent de réels motifs d’encouragement pour ces hommes en treillis qui finissent par recevoir le même traitement que des Présidents démocratiquement élus.

L’alliance circonstancielle entre les putschistes de Guinée, du Mali, du Burkina Faso et du Niger entrave sérieusement les processus pour un retour rapide et apaisé à l’ordre constitutionnel et appelle à des actions proportionnelles à la gravité des risques et menaces encourus.

En plus d’être un véritable revers pour la CEDEAO, cette fuite en avant opérée par des régimes sans une once de légitimité est la pire des gifles infligées à l’Union africaine et à la communauté internationale .

L’arrogance et l’inexpérience des militaires, davantage mus par des privilèges et avantages matériels tirés de la jouissance du pouvoir que par la sécurité et le bien-être des populations qu’ils sont censés protéger, sont de nature à encourager la recrudescence du terrorisme et à constituer une menace sérieuse d’implosion de nos sociétés. Ce, compte tenu du caractère divisionniste, exclusionniste, de la manipulation et surtout de la répartition inéquitable des ressources au cœur de leur gouvernance népotiste.

La CEDEAO doit prendre conscience qu’elle représente la Communauté internationale au regard du principe de subsidiarité qui caractérisent les relations internationales. Elle doit tirer toutes les conséquences de son inaction d’à tant et agir fermement et promptement pour l’intérêt de nos peuples.

Pour paraphraser un analyste politique, si la digue du troisième mandat saute en Guinée, c’est toute la sous-région qui sera engloutie.
La facture de la léthargie de la CEDEAO est donc particulièrement salée et ce n’est pas faute pour l’Organisation d’avoir été moult fois alertée et interpellée par l’Opposition guinéenne.

La CEDEAO doit être cet organe de veille et de promotion des principes démocratiques que consacre ses textes et non cette entité qui se caractérise par un immobilisme notoire face aux dérives autoritaires perpétrées dans la sous-région ouest-africaine.

Si la CEDEAO et la communauté internationale feignent d’agir et continuent à regarder ailleurs pendant que les putschistes s’organisent, que le terrorisme progresse et que les menaces d’implosion persistent, cela offrira une opportunité inespérée aux politiques déguisés en militaires d’opérer dans le silence et de recourir impunément à la délinquance institutionnelle, économique et sociale.

Ce qui aura pour conséquence inéluctable la recrudescence des des coups d’État qui s’autorise-alimenteront, le recul de la démocratie, l’exil des défenseurs pro démocratie, l’instabilité politique et sociale dans nos États et surtout l’immigration clandestine avec ses effets néfastes pour les pays de départ, de transition et d’accueil des immigrés.

Souleymane Souza KONATÉ, Conseiller chargé de communication de Cellou Dalein Diallo et Membre du Conseil Politique de l’UFDG.

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