Dr Saïdouba Bangoura, Coordinateur du Projet UDEC « Notre ambition est d’embrasser tout le pays pour apporter le bonheur à nos compatriotes… »
Calme, discret, démarche martiale, affichant toujours un sourire au bout des lèvres, Dr Saïdouba Bangoura, (la quarantaine) fait partie des intellectuels guinéens qui estiment que tout acte de développement pour être efficace, durable et bénéfique doit commencer dans les communautés, c’est-à-dire à la base. Lui-même en a fait l’expérience à travers le projet UDEC qu’il dirige lui et ses collègues avec dextérité. Qui est Dr Bangoura et que fait-il ? Lisez les lignes qui suivent !
Le Diplomate : présentez-vous à nos lecteurs et parlez-nous succinctement de votre projet.
Dr Saïdouba Bangoura : Je suis Dr Saïdouba Bangoura, né à Coyah où d’ailleurs j’ai fait mon école primaire avant de regagner Conakry pour poursuivre mes études. Notamment l’Université à Gamal Abdel Nasser de Conakry. J’ai appartenu à la grande association Universitaire dénommée CESPHAM (le cercle scientifique de la pharmacie médecine, odontostomatologie). J’ai été le premier pharmacien donc à avoir dirigé ce cercle scientifique, qui regroupait à la fois les trois départements de médecine. A la sortie de l’Université j’étais pharmacien dans une pharmacie de Kaloum. Delà, je suis passé comme délégué avant de devenir agent de développement communautaire. En fait, l’UDEC Union pour le Développement Communautaire dont j’ai l’honneur et la chance de diriger aujourd’hui en qualité de coordinateur des programmes est créée depuis 2006. Mais à l’origine il faut savoir que l’UDEC était sous forme d’association qui regroupait l’ensemble des étudiants de Coyah et d’autres amis sans distinction de race, de religion ou de sexe. Ce qui du coup nous donnait la chance de travailler avec d’autres étudiants qui ne venaient pas de Coyah voire même des gens qui venaient de l’étranger, de travailler avec ceux de Kankan, de Conakry et de partout. Donc, pendant tout le cursus Universitaire nous avions travaillé ensemble dans cette amitié et nous avons toujours organisé des activités juvéniles.
Après l’Université il était question de reformuler et de laisser l’ancienne association l’Amical des Jeunes de Coyah aux jeunes qui sont venus après nous. De l’Amical, à la fin des études nous avons créé l’UDEC en 2006 qui continue de travailler jusqu’à maintenant sur le terrain dans le cadre du développement communautaire. L’ONG nationale dénommée UDEC intervient dans plusieurs domaines de la vie notamment dans le domaine de la démocratie, de la gouvernance, dans le domaine de l’environnement, de l’éducation surtout celle de la jeune fille, de la santé communautaire pour non seulement la promotion de la santé à la base, du fonctionnement des centres de santé, des hôpitaux préfectoraux mais aussi la participation à des campagnes nationales dans le cadre de la santé. Cette ONG œuvre également dans le cadre du renforcement des capacités de la jeune génération pour qu’on se rende utile à la communauté. Nous avons assisté plusieurs jeunes, groupements et ONG à se qualifier, à s’initier dans ce genre de travail pour être utile à nos communautés. Depuis la création l’UDEC a eu plusieurs partenaires qui travaillent sur le terrain dans plusieurs domaines. C’est le cas du domaine de l’éducation. Nous avons bénéficié du soutien de PROJEC (programme de renforcement des capacités de jeunes).
Après les études, vous avez travaillé dans une officine ensuite comme délégué médical. Dites-nous, ce sont toutes ces différentes activités que vous avez abandonnées pour être dans le monde des organisations ?
Pas du tout. C’est vrai que l’assistanat dans une pharmacie c’est jusqu’à un certain temps, j’ai laissé cela nous sommes allé dans la promotion des produits, j’ai laissé cela aussi et je suis maintenant dans le domaine du développement communautaire. Pour être utile à la communauté, s’investir pour la communauté en général et aussi pour soi-même.
Donc à ce jour Dr Bangoura est essentiellement occupé à faire avancer l’UDEC ?
Oui, Tout à fait. Comme je l’ai dit, nous avons bénéficié du projet de renforcement des capacités avec PROJEC. Avec ce partenariat, nous avons fait une activité dans le domaine de l’éducation. Et aujourd’hui nous avons l’appui de l’USAID dans un projet dénommé HC3 qui est venu pour supporter, aider le Ministère de la santé à résoudre un certain nombre de problème de santé en République de Guinée, tout comme dans d’autres pays du monde. Ce projet HC3 c’est un projet qui vise à améliorer la qualité et augmenter la demande de service de santé maternelle, néonatale et infantile. Pour cela, à la base il faut implanter un certain nombre d’activités communautaires, des approches communautaires pour pouvoir influencer le comportement de nos communautés.
Quels sont les domaines d’interventions de l’UDEC?
Nous avons une grande ambition d’embrasser tout le pays. Pour l’instant nous travaillons dans la zone côtière notamment Kindia, Dubréka, Coyah, Forécariah, Boffa et Boké. Dans ces zones citées, nous avons eu à travailler avec des partenaires.
Avez-vous des sièges ou bien des points focaux dans toutes ces zones où vous êtes représentés ?
Tout à fait. A Coyah nous avons le siège social, à Forécariah nous avons un local, avec deux représentants, nous avons également à Dubréka trois représentants et à Kindia aussi trois représentants avec notre siège dans l’Espace Sans Tabou. Pour ce qui est de notre domaine d’intervention, quand on dit développement communautaire c’est un concept très vaste qui embrasse la démocratie, la promotion de la santé Communautaire. Nous sommes en partenariat avec HC3 sur le terrain.
Je reviens un peu sur le volet santé communautaire parce que c’est un volet extrêmement important dans notre pays et sur lequel il faut mettre un accent particulier. Il s’agit d’un domaine dans lequel nous procédons à la redistribution des revenus nationaux. La Guinée bien avant Ebola avait un taux vaccinal très faible. Le tôt de fréquentation des structures sanitaires était très faible, l’état physique de nos structures sanitaires était aussi délabré et le tôt d’accouchement des femmes dans les structures sanitaires était très bas par rapport aux autres pays. Face à tous ces problèmes, Ebola nous a trouvé dans cette situation et cela enfoncé le clou. Il ya eu donc rupture de confidence entre les agents de santé, les structures et la communauté. Cela constituait un problème pour le Ministère de la Santé. Le partenaire l’USAID à travers une Université Américaine, a implémenté des matériels et qu’il a mis sur pied le HC3 dans plusieurs pays du monde. Ce projet HC3 comme je vous ai dit c’est la force de la communication pour la santé Communautaire ainsi, HC3 est venu pour inverser la balance et redresser les courbes de ces différents indicateurs de santé en République de Guinée.
Et aujourd’hui nous nous réjouissons quand même qu’il y ait une forte amélioration et le tôt de fréquentation dans nos structures de santé et qu’il y ait la redéfinition ou la compréhension des concepts par des structures qui en ont bénéficié à travers le projet GHPP.
Comment votre association participe au développement, quelles sont vos spécialités et parlez-nous brièvement des plus grands succès réalisés par votre ONG?
Il faut retenir que le plus grand succès de ONG Union pour Développement communautaire (UDEC) c’est surtout le renforcement de la capacité humaine qui nous permet d’influencer positivement sur le changement de comportement. Il faut noter aussi que c’est un succès pour nous d’avoir un partenaire pour la réhabituassions de nos structures de santé. Il y a également beaucoup d’ONG à Conakry, Kindia, Dubréka qui se sont servis des expériences de l’UDEC pour aller s’implanter et qui ont réussi. Depuis au temps du Président CONTE jusqu’à maintenant, l’hôpital de Coyah n’a pas bénéficié de rénovation de la part de l’Etat. L’hôpital de Coyah est une référence, c’est grâce à l’UDEC qu’il est rénové.
Dans le cadre de l’environnement, ceux qui connaissent le mont Gbalan, si vous voyez au tour de cette montagne qui veille sur le siège de la préfecture de Coyah, les pieds de Mélina et d’autres espèces forestières que vous voyez sont une initiative de l’UDEC.
Dans le cadre de la démocratie et la bonne gouvernance, nous avons réussi à renforcer la capacité de nos dirigeants sur la neutralité qu’ils doivent jouer dans le processus démocratique.
Réalisée par
Thierno Abdoul Barry