FREDERIC LOUA, DG CNPS « Le président Alpha Condé a pris un décret qui rehausse les faibles pensions à hauteur du Smig (440.000 GNF), payable par mois au lieu de 100.000 GNF… »
L’opération de payement du minimum vital retraite aux pensionnés a démarré le 17 mai dernier à Conakry et dans les villes de l’intérieur du pays. Plus de 4000 pensionnés sont concernés par ce paiement. Comment l’opération va-t-elle se dérouler sur le terrain ? Qu’appelle-t-on minimum vital retraite ? Pour en savoir plus, notre rédaction est allée à la rencontre de monsieur Fréderic LOUA, Directeur général de la caisse nationale de prévoyance sociale des agents de l’Etat. Lisez !
Le Diplomate :La caisse nationale de prévoyance sociale dans ces activités pour 2017 envisageait le paiement du minimum vital retraite, l’opération a-t-elle démarré comme cela a été prévu ?
Fréderic Loua: Oui exactement l’opération a commencé. Nous avons déjà payé le premier trimestre janvier, février, mars et nous sommes en train de payer le mois d’avril.
Alors, quand on parle du minimum vital retraite qu’est-ce que cela veut dire réellement ?
Le minimum vital retraite c’est des anciennes pensions très faibles qui étaient composées en quatre catégories. La première catégorie : c’était des pensions inférieures à 50.000 GNF, la deuxième catégorie : des pensions composées entre 50.000 et 70.000 GNF, la 3ème entre 70.000 et 100.000 GNF et la quatrième au-delà de 100.000 GNF.
Le 3 novembre 1991, il y a un décret qui a été pris par le président de la République qui a institué un régime transitoire au régime général des pensions qui a rehaussé ces faibles pensions. À l’époque l’esprit de ce décret c’était toutes les pensions de retraites ou de reversions déjà liquidées qui n’atteignent pas un minimum annuel de 100.000GNF. Voilà d’où vient le mot minimum vital retraite.
C’est-à-dire des pensions convertis ou plutôt changées ?
Oui, cela a changé, parce que là, les gens qui touchaient 50.000 ou 70.000GNFont été rehaussés à l’époque. C’était l’effet du régime transitoire au régime général des pensions. Les gens qui étaient entre 0 et 50.000 GNF sont passés à 100.000 GNF par an, la deuxième catégorie est passée à 150.000 GNF par an, la troisième est passée à 200.000 GNF par an, et ces paiements se faisaient une fois par an et entre temps avec le mouvement syndical, il a été permis de payer en deux (2) temps au lieu de payer une seule fois dans l’an, ils ont payé par semestre.
Cette pension du minimum vital s’élève exactement à combien par catégorie ?
Le minimum vital a remplacé ces faibles catégories. En février dernier, le président de la République avec les partenaires sociaux, a bien voulu prendre un décret qui rehausse ces faibles pensions à hauteur du Smig (440.000 GNF) payable par mois au lieu de 100.000 GNF. Cette catégorie de pensionnés sont au nombre de 7.167. Ce sont des gens qui étaient déjà à la retraite en 1994. Donc ce sont de vieilles personnes.
Quels sont les types de fonctionnaires qui sont concernés par ce minimum vital élevé aujourd’hui au Smig ?
En fait, ce sont des militaires et civils, tous ceux qui étaient à la retraite avant 1994. donc c’est des gens qui sont dans les 80 ans aujourd’hui.
Et ce minimum vital ce paie tous les mois aux 7167. Il n’y a pas de réversion pour ce minimum vital. Le minimum vital pratiquement les 80% sont les veuves.
Le paiement de ce minimum vital a déjà commencé à Conakry, et comment elle se déroule ?
Comme il y a eu rehaussement, nous voulons nous assurer d’abord de l’existence de ces personnes, nous voulons également que ces personnes ne souffrent pas en venant chercher leurs sous. C’est pourquoi j’ai mis sur pieds une équipe. Il y a des cadres de mon service qui sont dans toutes les communes et qui sont à l’intérieur du pays. Demain, le paiement va commencer à Conakry, ceux de l’intérieur ont déjà bougé, ils vont aller superviser les paiements pour que ces personnes reçoivent effectivement leur argent.
Vous avez dit que la direction a pris des dispositions pour alléger la souffrance de ces personnes âgées, mais en quoi faisant ?
Par exemple quand nous partons dans les préfectures ou dans les communes, quand on nous dit que telle personne est malade, nos agents se rendent carrément au chevet du malade, l’identifie et paie la personne sur place au lieu de lui dire d’aller à l’agence.
Dans les mêmes déclarations de la caisse nationale de prévoyance sociale, il est prévu le recensement biométrique des pensionnés pour quel objectif ? Et que visez-vous ?
Oui ! En fait, ça fait très longtemps, il n’y a pas eu ce contrôle des pensionnés. Déjà les fonctionnaires ont été recensés et il y aura aussi le recensement additionnel pour ceux qui avaient été omis et également les nouveaux fonctionnaires dans la foulé. Nous voulons également recenser nos pensionnés parce que la mise en place de l’institut national d’assurance maladies obligatoires va les couvrir au point de vue sécurité sociale maladie, la prise en charge maladie, nous allons cotiser pour ces pensionnés-là à l’INAMO, pour qu’ils soient pris en charge. Mais, il nous faut connaitre le nombre exact de nos pensionnés.
Il n y a aucune statistique normale en la matière pour déterminer le nombre de pensionnés ?
Je ne peux pas vous dire cela, puisqu’il y a plus de 73.000 pensionnés actuellement dans les fichiers. Mais il est toujours intéressant d’aller vers les gens, moderniser, faire des cartes pour eux au point de vue santé. Mais là dans ce cas, il faut les immatriculer pour la santé. Donc, nous voulons nous assurer que ces personnes existent encore parce qu’on a une petite difficulté, ce sont des pensionnés qui sont au virement. Quand quelqu’un prend sa retraite et il remplit toute sa formalité, il vous dit, moi je travaillais à Conakry, payez ma pension à Koundara, payez la pension à Koundara, on ne sait même plus s’il est à Koundara ou il s’est déplacé, la personne est morte, elle est vivante, on a aucun moyen de contrôle, c’est pourquoi nous voulons quand même passer faire cette vérification et faire la biométrique.
Des pensionnés, également ont dénoncé les méthodes de paiement de ces différentes pensions
Nous, essayons de résoudre les problèmes qui nous sont remontés. Surtout quand quelqu’un se plaint qu’il n’a pas eu sa pension. Nous sommes nouveaux. Nous sommes dans la phase de l’opérationnalisation de la caisse. On n’est pas tout à fait installé. Parce que c’est à partir des cotisations de l’Etat et des fonctionnaires que nous allons être vraiment opérationnels. Pour le moment nous continuons à payer en garantissant et en surveillant davantage aussi.
Décryptage
Ibrahima Sory Moussa SYLLA